Lors de l'opération Barbarossa, lancée le 22 juin 1941, les déconvenues des Panzer-Divisionen face aux chars moyens T-34/76 et aux lourds KV-1 sont un véritable traumatisme pour l'arme blindée allemande. En décidant de relever ce défi technologique, Hitler met en place plusieurs programmes, dont le développement des Tiger I et des Panther, tout en ordonnant le montage d'un tube long sur les Panzer III et IV. Dans un même temps, et à la suite d'un rapport datant de 1941 sur les matériels blindés soviétiques, il envisage le futur et prévoit la mise en service de "tanks" encore plus puissants au sein de l'armée rouge. Le projet du Panzer VIII Maus répond partiellement à ces menaces. Ces dernières inquiètent également quelques hauts dignitaires allemands, qui tentent de trouver une parade à la course à l'armement qui se dessine entre la Wehrmacht et les forces du Kremlin. Le 23 juin 1942, le directeur Grote et le docteur Hacker, chargés de la production des U-boote au ministère de l'armement, proposent une machine de guerre quasi invulnérable, susceptible de détruire tout ce qui passerait à portée de ses canons. Consulté, le Führer donne son approbation à la conception d'un croiseur terrestre de 1 000 tonnes, baptisé Landkreuzer P.1000.
Ultime avatar du char forteresse ou du Landship, le Landkreuzer P. 1000 Ratte aurait dû voir le jour sous la forme d'un véhicule automobile à chenilles d'une masse de 1 000 tonnes et équipé d'une tourelle bi-tube, mais il ne dépassa évidemment jamais le stade de la planche à dessin.
Le 23 juin 1942, Grote, un des directeurs et ingénieurs du ministère de l'armement responsable de la production des U-Boote, en collaboration avec le Dr. Hacker, suggéra l'élaboration d'un char d'assaut d'une masse de 1 000 tonnes. Adolf Hitler lui-même manifesta son intérêt pour ce projet et permit à Krupp de se lancer dans cette direction. Le projet fut désigné par Krupp : P. 1000 Ratte (en allemand, litt : rat). Ce « croiseur terrestre » aurait dû faire 35 mètres de long, 14 mètres de large et 11 mètres de haut. Il aurait été équipé, de chaque côté, de trois chenilles de 1,2 m de largeur, semblables à celles utilisées pour les engins excavateurs des mines de charbon.
Il était prévu d'équiper le P 1000 de deux moteurs MAN V12Z32/44 24 cylindres, des moteurs diesel de navires affichant une puissance totale de 17 000 chevaux (2 x 8 500 chevaux) ou de huit Daimler-Benz MB501 20 cylindres, moteurs de même type avec une puissance totale de 16 000 chevaux (8 x 2 000 chevaux). Selon les calculs, ces groupes motopropulseurs auraient permis au P. 1000 de se déplacer à la vitesse maximale de 40 km/h.
Le P. 1000 aurait également reçu une variété d'armes telles que deux canons de 280 mm, arme utilisée dans la marine sur le Scharnhorst et le Gneisenau, montés dans une tourelle mobile aux dimensions similaires à celle des navires de guerre, et un canon de 128 mm (identique à celui du Jagdtiger), huit canons de 20 mm Flak 38 et deux canons Mauser MG 151/15 de 15 mm pour sa défense antiaérienne rapprochée.