Maquette plastique militaire Canon 2.8cm sPzB41 à roues sur remorque.
Le 2,8-cm schwere Panzerbüchse 41 (sPzB 41) était une arme antichar allemande utilisée durant la Seconde Guerre mondiale. Sa particularité est qu'elle fonctionne suivant le principe de Gerlich, alliant munitions à noyau de tungstène et canon à âme conique. Officiellement classé parmi les fusils antichar lourd (en allemand : schwere Panzerbüchse), il serait néanmoins plus judicieux de le classer parmi les canons légers antichar du fait de sa conception et de son calibre.
Le principe du canon à âme conique fut inventé en 1903, par l'ingénieur allemand Karl Puff. Le projectile utilisé avec une telle arme devait être pourvu d'une enveloppe molle qui était comprimée par la conicité de l'alésage interne du canon. La vitesse du projectile était donc augmentée étant donné que son diamètre était considérablement diminué tandis que la pression à l'intérieur du canon restait constante. Malheureusement pour Puff son invention fut sans suite, en raison de la complexité de fabrication d'un canon rayé à âme conique dépassant la capacité de fabrication des armuriers allemands de l'époque.
Au début des années 1930, le Dr. Hermann Gerlich de Kiel (Allemagne), diplômé en thermodynamique et ayant travaillé pour les firmes d'armement Vickers, Son et Maxim, parvient à créer un procédé de fabrication reprenant le principe de Puff, pour l'adapter sur des carabines de chasse de la marque Halger. En adjoignant à cette carabine de calibre 10,7/7 mm (.280), une nouvelle munition baptisée "Halger Ultra" Gerlich obtint une vitesse initiale de 1 800 m/s pouvant percer une plaque de blindage de 12 mm à 500 m. Fort de cette arme dotée d'excellentes performances balistiques avec une flèche minimale et des capacités antiblindage, Gerlich tenta de vendre son procédé à plusieurs forces armées, mais sans succès en raison du coût de fabrication et du trop fort recul généré pour une arme d'épaule.
À noter que durant cette période, le fabricant d'arme américain Springfield Armory valida ce concept dans une nouvelle version de son fusil M1917. Ce fusil, utilisant le procédé de Gerlich, développait une vitesse initiale de 2 135 m/s contre seulement 855 m/s sans.
En 1934, Gerlich renonça à tenter de commercialiser lui-même son concept et se rapprocha du conglomérat allemand Rheinmetall.
En 1939, en se basant sur les études de Gerlich, Mauser-Werke AG développa un fusil antichar de calibre 28/20 mm, initialement désigné Gerät 231 ou MK.8202. Durant la période juin - juillet 1940, un premier lot de 94 pièces fut expérimenté par la Wehrmacht. Après diverses améliorations, le prototype entra dans sa phase de production de masse sous l'appellation Panzerbüchse 41. Avec des projectiles ayant une vitesse initiale de 1 400 m/s, le sPzB 41 pouvait pénétrer 66 mm de blindage en acier nickelé à une distance maximum de 500 m. Chaque unité coûtait 4 520 Reichsmarks, ce qui est relativement peu onéreux en comparaison des autres armes antichar - un canon 5-cm Pak 38 coûtait 10 600 Reichsmarks. De 1941 à 1943, la production de cette arme ne fut pas continue en raison du manque récurrent de tungstène pour ses munitions.