Maquette plastique CHAR DE BATAILLE RUSSE T-90A.
Le T-90 « Vladimir » est le dernier char russe entré en production depuis 1994. Il combine le châssis du T-72 et l'électronique de bord du T-80 avec des systèmes défensifs élaborés tels que le blindage réactif Kontakt-5 et le brouilleur anti-missile Shtora-1. Il est en service en Russie à raison de 300 exemplaires environ ainsi qu’en Inde et en Algérie.
Le prix unitaire d'un char T-90S a été évalué à 2,3 millions d'euros (3 millions USD) en mars 2006 (Source : Forecast International). Depuis 2011, les forces terrestres russes ont cessé de commander des T-90, en effet, le futur T-99 Armata devrait entrer, selon certaines annonces, en service en 2015 mais celles-ci, monnaie courante depuis la fin de l'URSS, sont à prendre avec précaution.
La décision de se lancer dans la conception du T-90 fut prise peu après l'effondrement de l'Union soviétique quand il apparut clairement que la Russie ne pouvait plus assumer seule la fabrication en parallèle des chars T-72 et T-80. L'idée de combiner les deux chars en un seul fut émise car cela permettait de disposer d'un véhicule performant à un prix restant abordable (un T-90 coûtant environ 3 millions USD ; à titre de comparaison, un char M1 Abrams américain est estimé à 6,21 millions USD, un char Leopard 2 A4 allemand à un coût de 5,3 millions de dollars et un char Leclerc français à 8,6 millions de dollars) et faciliterait ainsi les commandes de l'armée russe ainsi que celles enregistrées sur le marché de l'exportation.
Initialement désigné T-72BU, une décision politique rebaptisa le char T-90 car, entre-temps, l’opération Tempête du désert avait vu les médiocres T-72 irakiens détruits en masse par les chars de la Coalition. Actuellement la Russie en posséderait 700 exemplaires, les deux seuls clients étrangers démarchés jusqu'ici étant l'Algérie et l'Inde, qui en posséderaient 300 chacun. À l'heure actuelle le T-90 est le seul char encore produit en Russie par Uralvagonzavod. En 2008, 175 T-90 auraient été produits dont 62 T-90A pour l’armée russe, 60 T-90S pour l’Inde et 53 T-90SA pour l’Algérie.
Le châssis repris est celui du char T-72. Le T-90 apparaît donc comme un char fort léger, à la silhouette basse et très profilée synonyme d'une excellente protection passive. La motorisation est celle du T-80UB reposant sur un moteur diesel 12 cylindres (la turbine à gaz des premières versions ayant été abandonnée car trop gourmande en carburant) de 840 chevaux. Pour les clients à l'export, une version atteignant 1 000 chevaux est également disponible.
Contrairement à la plupart des chars russes conçus jusqu'à présent, le T-90 se démarque par l'importance accordée aux systèmes défensifs. La face avant et la tourelle sont ainsi protégées par du blindage réactif-explosif Kontakt-5 capable d'atténuer les effets d'un obus ou missile adverse en cas d'impact. Enfin, le système Shtora-1 est l'élément clé de l'autoprotection du char. Pour un poids total de 400 kilos, il comprend un brouilleur infrarouge, un détecteur d'alerte laser avertissant l'équipage si le char est verrouillé par un système de guidage ennemi et un dispositif déclenchant automatiquement les racks de lance-grenades fumigènes. Enfin, un système anti-incendie automatique est intégré au véhicule.
L'armement comprend un canon à âme lisse de 125 millimètres 2A46 (modèle M-2 ou M-5) d'une longueur de 48 calibre (6 mètres). Il est doté d'un système de stabilisation 2E42-4 Zhasmin fonctionnant sur deux plans, la stabilisation en site (plan horizontal) étant assurée par un système électrique donnant une marge d'erreur inférieure à 0,4 mil au niveau de la précision, celle en gisement (plan vertical) fonctionnant à l'aide d'un système électro-hydraulique avec une précision de l'ordre de 0,6 mil. Le canon est gaîné par un manchon thermique.
Le chargement du canon s'effectue à l'aide d'un dispositif de chargement automatique actionnée électro-mécaniquement. Ce chargeur automatique ayant la forme d'un carrousel rotatif est identique au modèle utilisé sur le T-72, installé dans le plancher de la tourelle, il abrite 22 berceaux à munition. Commandé aussi bien par le tireur ou par le chef de char, il autorise une cadence de tir d'environ 6 à 8 coups par minute et est capable de différencier quatre types de munition. En cas de problème, le canon peut tout de même être chargé manuellement par les membres d'équipage.
Les 20 autres obus sont sanglés aux parois séparant le compartiment moteur à celui de combat, ainsi que le long du réservoir de carburant avant-droit. Les charges de poudres étant insérées individuellement dans des cavités formées dans les deux réservoirs de carburant situés aux abords du compartiment de combat. Les réservoirs formant une protection supplémentaire ; le diesel ayant un point d'inflammabilité assez élevé.
Outre les obus conventionnels, le T-90 peut tirer depuis son canon le missile 9M119M Refleks (code OTAN AT-11 Sniper). Il permet au T-90 des distances d'engagement supérieures à celle d'un obus classique. Qui plus est, il peut également prendre pour cible des hélicoptères lents volant à basse altitude.
Le Refleks a une portée pratique oscillant entre 4000 et 5000 mètres qu'il atteint en 17,4 secondes en se déplaçant à la vitesse de 284 mètres par seconde. Le missile est guidé par un faisceau laser émis par le viseur principal, le tireur doit donc pointer son réticule sur la cible durant la durée du vol du missile. La stabilisation des optiques de visée permet au char de guider le missile tout en étant en mouvement, à condition de ne pas dépasser les 30 kilomètres à l'heure. Sa double charge creuse en tandem de 4,5 kg est capable de perforer 900 mm d'acier homogène laminé et cela à n'importe quelle distance.
L'armement secondaire comprend une mitrailleuse PKT de 7.62 mm, montée de façon coaxiale au canon principal, elle est alimentée en raison de 2000 coups. Une mitrailleuse lourde NSV de calibre .50 est montée sur la coupole rotative du chef de char, disposant de 300 cartouches, elle est opérée depuis l'intérieur du véhicule.
L'opérateur de la tourelle dispose d'un viseur de jour 1G46, lui permettant de repérer des cibles jusqu'à une distance de 5000 mètres. Le 1G46 est monté sur le toit, à gauche du canon de 125 mm, il possède une capacité d'agrandissement de × 2,7 avec un angle de vue de 20° à × 12 avec un angle de vue de 4°. Il est stabilisé sur les deux plan avec une marge d'erreur de seulement 0,2 mil sur l'alignement. Il comprend aussi un télémètre laser 1A43 mesurant des distances comprise entre 400 et 5115 mètres.
La vision de nuit est assurée par un intensificateur de lumière TPN-4-49-23 Buran-PA installée dans un viseur TO1-KO1 stabilisé sur le plan horizontal et vertical. Ce viseur de nuit est monté à gauche du viseur de jour 1G46, mais retrait, juste devant la trappe du tireur. En mode dit passif, il permet de réaliser des tirs de nuit jusqu'à une distance de 1200 mètres, elle peut être portée à 1500 mètres en utilisant les brouilleurs optiques OTShU-1-7 du système de contre-mesure Shtora comme phare infrarouge.
Sur le T-90A russe et le T-90S indien, le viseur de nuit TO1-KO1 est remplacé par un viseur TO-1-PO2T Agava-2 incorporant une caméra thermique Essa de la firme biélorusse Peleng, l'Essa est développé sur la base de la caméra thermique Catherine-FC de la firme française Thales. La vision thermique offre deux types de zoom, permettant d'identifier des cibles potentielles à une distance de 2400 mètres et cela par tous les temps, la portée maximale est de 4600 mètres. L'image filmée est affichée sur les écrans de télévision du tireur et du chef de char. Le champ de vision du viseur de nuit TO-1-PO2T Agava-2 est synchronisé avec le viseur de jour 1G46 pour une plus grande souplesse d'utilisation.
Le chef de char possède un système d'observation PNK-4S monté sur une coupole rotative supportant une mitrailleuse lourde télé-opérée NVS Utes. Ce système comprend un périscope électro-optique TKN-4S Agat-S permettant l'observation de jour à plus de 4000 mètres avec un agrandissement de × 7.6 avec un angle de vue de 7°. Un intensificateur de lumière intégré au périscope offre une vision la nuit jusqu'à 700 mètres avec un agrandissement × 5.2 avec une angle de vue de 7,4°. La vision nocturne peut aussi être assurée par un système de infrarouge dit actif ; un phare infrarouge OU-3GA2M4 peut alors être monté aux côtés de la mitrailleuse, sur la coupole rotative, il éclaire jusqu'à une distance de 800 mètres avec des rayons non visible à l'œil nu. Il est nécessaire de monter des filtres infrarouges sur les optiques pour permettre ce genre de vision nocturne.
Le mécanisme ZPU 1ETs29 offre deux modes de pointage pour la mitrailleuse télé-opérée : automatique et semi-automatique. Un viseur monoculaire PZU-7 est monté sur l'affût supportant la mitrailleuse lourde, il est couplé au mécanisme d'élévation de l'arme. Outre le dispositif de dégivrage, la surbrillance du réticule est ajustable.
La conduite de tir est assuré par un l'ordinateur balistique 1V528-1 faisant partie du système informatisé 1A45 Irtysh.
T-90A (objet 188A) : Apparu en 1999, il incorpore une nouvelle tourelle hexagonale assemblée par soudure, accueillant un nouveau blindage composite plus épais, elle remplace l'ancienne aux formes arrondies d'une seule pièce utilisée précédemment sur le T-72A. Le moteur de 840 chevaux est remplacé par moteur plus puissant, le V-92S2 de 1000 ch, le viseur de nuit TO1-KO1 équipé d'un système d'intensification de lumière Buran-PA est remplacé par le viseur T01-P02 incorporant une caméra thermique AGAVA-2. Parfois appelée T-90 Vladimir.