Maquette plastique CHAR MOYEN SOVIETIQUE T-62 ERA Mod. 1972.
Le T-62 est un char d'assaut soviétique, apparu en 1961. Il constitue un développement du T-55 et fut par son armement une révolution dans le domaine de la conception des blindés. Il fut en effet le premier char à être armé d'un canon à âme lisse tirant des obus flèches à très haute vitesse à la bouche. Le reste du char dérivait étroitement du T-55, dont il reprenait la suspension à cinq grandes roues de route, sans galet de retour, le groupe propulseur et l'agencement général. Deux détails permettent néanmoins de le distinguer de son prédécesseur, la présence d'un extracteur de fumées au deux tiers du canon et l'écartement plus important des troisièmes et quatrièmes roues de route sur la suspension.
Le char fut conçu par le bureau d'étude Kartsev, à Nijni Taguil, sous la désignation de Obiekt 166. L'Armée rouge l'accepta comme modèle de production à la mi-1961 et une présérie de vingt-cinq exemplaires fut construite avant la fin de l'année, la production en grande série ne commençant qu'à la mi-1962 à l'usine Vagonka. Il fut montré publiquement pour la première fois en mai 1965 lors d'une parade militaire à Moscou. La production se poursuivit jusqu'à 1975 avec vingt mille exemplaires, mais il fut aussi construit à mille cinq cents exemplaires en Tchécoslovaquie entre 1973 et 1978 et mille exemplaires en Corée du Nord à la fin des années 1970.
Par rapport au T-55, la caisse fut agrandie aussi bien en longueur qu'en largeur, le diamètre du puits de tourelle fut porté de 1 845 à 2 245 millimètres. Il reste divisé en trois compartiments, avec le conducteur à l'avant gauche, les trois autres membres d'équipage au milieu dans la tourelle, et le groupe propulseur à l'arrière. Le conducteur disposait de deux épiscopes montés devant une trappe s'ouvrant vers la gauche. L'épiscope de gauche peut être remplacé par un périscope à infra-rouge TVN-2 qui offre un champ de vision de 30° et soixante mètres de portée et sur le glacis, outre un brise-lame, on trouve un phare à lumière blanche et un à infra-rouge. Derrière le pilote, une trappe s'ouvrant vers l'intérieur, permet d'évacuer le char par le dessous. Dans la tourelle, le tireur et le chef de char occupent la gauche, tandis que le chargeur opère dans la partie droite, tous disposent d'une écoutille s'ouvrant vers l'avant. Le chef de char dispose de quatre périscopes, deux sur la coupole de l'écoutille, et deux à l'avant de celle-ci, celui de tir est un TKN-3 capable d'un grossissement X5 avec un champ de vision de 10°, de nuit employé avec le projecteur de recherche à infra-rouge OU-3GK pour l'illumination. Il est capable d'un grossissement X4,2 avec un champ de vision de 8°, le tout à une portée de quatre cents mètres. Le tireur dispose d'un viseur TSh2B-41u qui possède deux grossissements, x3,5 avec 18° de champ de vision et X7 avec 9°, ce qui permet des tirs à 4000 mètres avec les obus flèches, 3600 avec les obus à charge creuse et 4800 avec les obus explosifs. Pour tir de nuit, il emploie le périscope TPN1-41-11 en conjonction avec le projecteur L-2G monté à droite du canon, ce qui permet avec un grossissement x5,5 avec 6° de champ de vision des tirs à huit cents mètres. Aussi bien le tireur que le chargeur disposent aussi d'un TNP-165 d'observation.
Le canon Rapira 2A20 de 115 mm (U-5TS) dont l'obus atteint la vitesse initiale de 1615 mètres par seconde bénéficie, de plus, de l'éjection automatique de la douille. Ce nouveau canon, outre la grande capacité de pénétration de sa munition, était aussi très précis jusqu'à mille six cents mètres grâce à la trajectoire très tendue de l'obus. Le recul du tir provoquait automatiquement l'éjection de la douille par une petite trappe à l'arrière de la tourelle. Cependant l'opération de rechargement requiert que le canon soit mis à une élévation fixe de 3°30, ce qui empêche toute rotation de la tourelle pendant le rechargement et limite la cadence de tir à environ quatre coups par minute. La dotation en munition était de quarante coups, généralement douze obus flèches (HVAPFSDS), six obus à charge creuse (HEAT-FS) et vingt-deux obus explosifs (HE-Frag). Deux obus sont prêts au tir dans la tourelle, seize sont stockés à droite du conducteur, et vingt dans l'arrière du compartiment de combat. Une mitrailleuse coaxiale PKT de 7,62 mm est montée à droite du canon. Elle est alimentée par une bande de 250 coups. La tourelle est orientée sur 360°, le canon étant pointé en site de -6° à +16° par un système électrique et un hydraulique. Un système manuel est à la disposition du chargeur, comme secours.
À l'arrière gauche de la tourelle, un ventilateur extracteur de fumées est commandé par le conducteur. La tourelle est aussi pourvue de rails sur tout le pourtour qui permettent d'embarquer de l'infanterie ou des équipements. Le T-62 reprend de son prédécesseur l'équipement de protection contre les radiations PAZ. Ce système comprend un détecteur RBZ-1m, monté à droite dans la tourelle qui, lorsqu'il perçoit la présence de niveau dangereux, provoque automatiquement la fermeture du véhicule par l'intermédiaire de cartouches d'explosif (sauf pour les trappes de l'équipage) et déclenche un ventilateur muni d'un filtre anti-poussières, situé en dessous de l'ouverture d'évacuation des douilles. Du fait de l'absence de filtres contre les produits chimiques, ce dispositif n'est utile que contre les retombées nucléaires. Cependant, certains T-62 ont été pourvus par la suite de filtres contre les attaques chimiques. Le char est capable de guéer à 1,4 mètre sans préparation et à cinq mètres après le montage d'un schnorkel, ce qui nécessite une préparation de huit heures. Deux modèles de schnorkel existent, l'un de grand diamètre permettant l'évacuation de l'équipage réservé pour l'entraînement, l'autre ne permet que l'alimentation du moteur et de l'équipage en air et l'évacuation des gaz d'échappement. Le char, lors de la submersion, est guidé par un gyrocompas GPK-59 et un faisceau radio. Une fois sur le rivage, deux minutes suffisent pour rendre le char apte au combat.
Le moteur et la transmission du T-55 furent repris intégralement. Seul le refroidissement était amélioré par le montage d'un ventilateur de plus grand diamètre. La boîte de vitesses est de type manuel avec cinq rapports avant et une marche arrière. Elle est non synchronisée, ce qui requiert de son pilote l'usage du double débrayage, rendant la conduite difficile. Le moteur V-55-5 est un V12 diesel dérivé du V-2 du T-34. Il est monté transversalement devant la boîte. Il est équipé d'un système de préchauffage pour le démarrage par grand froid, et de deux dispositifs de mise en route, l'un à air comprimé utilisant des bouteilles logées à droite dans la tourelle, et un de secours électrique. Le char est équipé de quatre réservoirs latéraux dont trois sont utilisés pour stocker du diesel, le dernier étant employé pour stocker de l'huile. De plus deux bidons cylindriques supplémentaires largables peuvent être montés à l'arrière pour accroître le rayon d'action. Comme le T-55, le T-62 peut produire son propre écran fumigène en injectant dix litres de diesel par minute dans l'échappement. Ce nuage peut s'étendre de 250 à 400 mètres et durer jusqu'à quatre minutes en fonction du vent.