Le char ARL 44 est un char lourd français, produit juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Seuls 60 exemplaires sont sortis des chaînes d'assemblage, avant que son concept ne soit abandonné.
Pendant l'occupation allemande de la France, des études clandestines sont menées pour le développement de chars d'assaut. Elles se limitent pour la plupart à la conception de pièces ou à la construction de châssis chenillés, sous couvert d'un prétendu usage civil ou d'un usage pour la Kriegsmarine. Elles sont coordonnées par le CDM (« Camouflage du matériel »), organisation secrète de l'armée de Vichy qui tentait de produire des matériels interdits par les conditions d'armistice, notamment son article 4. Le but de ces diverses initiatives était d'arriver à les combiner pour mettre au point un char de combat de 30 tonnes, armé d'un canon de 75 mm. Les projets dans lesquels s'intégraient la conception des pièces étaient très disparates, portant sur des trolleybus, sur le matériel roulant et chenillé du chemin de fer transsaharien et sur un chasse-neige destiné à la Kriegsmarine en Norvège. Les bureaux d'études de Laffly et Lorraine sont concernés, ainsi qu'une équipe d'ingénieurs de l'armée en territoire occupé, dirigée par Maurice Lavirotte.
Lorsqu’en août 1944, Paris est libérée, le nouveau gouvernement provisoire fait tout son possible pour permettre à la France de retrouver sa place de grande puissance. Il essaye donc de rétablir un statut de partenaire à part entière des Alliés, contribuant pleinement à l’effort de guerre, et non plus celui d’une nation fortement assistée (comme peuvent l’être la Pologne, la Tchécoslovaquie ou la Norvège, ayant chacune leur gouvernement en exil luttant aux côtés des Alliés). Un des moyens pour y parvenir rapidement était de reprendre la production de chars. Avant guerre, la France était en effet le deuxième producteur mondial de blindés, après l’Union soviétique. Toutefois, les chars légers et moyens français conçus pendant l’entre-deux-guerres étaient alors devenus totalement obsolètes, il n’était donc pas possible de relancer les chaînes de montage préexistante, ni même envisageable d’apporter des modifications simples à ces modèles pour leur permettre de revenir à un niveau comparable aux chars allemands, tels les Panther ou les Tigre. Il était toutefois possible d’apporter une réponse satisfaisante en produisant un char de vraiment très grand tonnage : un char énorme et bien armé pouvait toujours être utile et constituer une gêne pour les Allemands, même s’il était constitué de pièces de conception ancienne, et ce d’autant plus que les Britanniques et les Américains n’avaient pas jusque-là réussi à concurrencer sérieusement les chars lourds allemands. Autre objectif de la démarche, il fallait pour la France s’assurer de pouvoir disposer de suffisamment d’ingénieurs militaires pour relever les défis d’après-guerre, même si pour l’instant leurs projets n’arrivaient pas à des résultats vraiment satisfaisants. Si ces cerveaux n’étaient pas mis à contribution tout de suite, ils risquaient de devoir trouver un autre emploi, ce qui ferait encore perdre ces précieuses expertises.