Maquette resine accessoires JERRYCANS ALLEMAND.
Un jerrican est un bidon pour carburant. Inventé par les allemands dans les années 1930, il fut mis en service en grand nombre dans les unités mécanisées de la Wehrmacht avant la Seconde Guerre mondiale et assez rapidement copié et adopté par toutes les autres pays belligérants. Son nom est une francisation du surnom que lui avaient donné les soldats britanniques, « jerrycan », soit littéralement « bidon fritz ». Le nom jerrican désigne désormais toute nourrice à carburant, le plus souvent en plastique.
En 1936, c'est en secret que, sous la direction de l'ingénieur en chef Vinzenz Grünvogel, la firme Müller Maschinen de Schwelm en Westphalie développe un bidon de conception révolutionnaire destiné à donner l'autonomie opérationnelle indispensable aux Panzerdivisionen. Il est baptisé Wehrmachtkanister (« bidon de la Wehrmacht »). Baptisé R-12, le bidon de 20 litres est produit à partir de 1937 par la société ABP à Berlin.
En 1939, deux ingénieurs, l'un allemand, l'autre américain - Paul Pleiss - décident d’effectuer un périple en Inde avec une voiture modifiée par leurs soins. L’Allemand, ayant accès au Wehrmachtskanister de l’aéroport de Tempelhof, en vole trois exemplaires pour équiper la voiture. Bien que le voyage se déroule sans problème pour Pleiss et son compagnon, et qu'ils aient déjà franchi 11 frontières, le vol des bidons est découvert. Göring dépêche immédiatement un avion pour récupérer l’ingénieur allemand, qui est accusé de trahison pour avoir dévoilé à Pleiss les secrets de fabrication du bidon.
Pleiss, comprenant que si les Allemands étaient à ce point pressés de rapatrier son ami, c'est qu'ils tenaient par dessus tout à garder le secret sur l’existence de ces récipients, se rendit à Calcutta, mit son véhicule en dépôt et prit l'avion pour les États-Unis. Aussitôt arrivé, il prend contact avec les autorités militaires américaines et leurs explique ce qu'il sait, y compris la réaction brutale des Allemands, mais sans parvenir à éveiller leur intérêt. Il fait ensuite rapatrier son véhicule et montre aux militaires à quoi ressemble le Wehrmarchtkanister. Pour finir l'armée américaine consentit à utiliser les informations fournies par Pleiss mais ne conserva que la taille du récipient, modifiant presque tout le reste et obtenant au final une copie bien inférieure au modèle, le 5-gallon steel military gasoline can, désigné par la référence MIL-C-1283D.
Soigneusement dissimulés aux regards des observateurs étranger lors de l'annexion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie, ces récipients n’apparurent en nombre qu'en 1940, au cours des opérations de Norvège où les Alliés en saisirent quelques exemplaires.
Les Britanniques, en 1940, n'étaient pas en position de faire les difficiles ; ayant compris à leurs dépens qu'une armée moderne aurait besoin d'une grande quantité de solides nourrices pour abreuver ses chars et ses camions, ils décidèrent donc de copier exactement le modèle allemand. Au cours d'un séjour à Londres, Paul Pleiss leurs dévoila tout ce qu'il savait sur le sujet et leur fit envoyer l'un des trois exemplaires en sa possession. C'est ainsi qu'au cours des opérations de la guerre du désert, puis jusqu'à la fin du conflit, Britanniques et Allemands ravitaillèrent leur véhicules avec les mêmes bidons, les uns marqués « Wehrmarcht », les autres siglés « WD » et marqués de la broad arrow. C'est aussi durant les opérations en Afrique, puis en Russie, que se révéla la nécessité de fabriquer des exemplaires réservés au transport d'eau, potable ou destinée au refroidissement des moteurs. Pour les différencier, les Allemands y emboutirent l'inscription Wasser assortie d'une large croix verticale blanche, les Anglais inscrivant simplement un « W » blanc.
Les soldats britanniques, lui donnèrent le surnom rappelant son origine et qui lui est resté, « Jerry can », soit littéralement « bidon fritz ».
Les Italiens aussi copièrent l'original, puis les Russes, puis les Suisses, puis les Français (qui firent même fabriquer des modèles réservés au transport de vin) et toutes les armées européennes, tant et si bien qu'aujourd'hui on peut trouver, par exemple, des bidons de surplus de l'armée suisse arborant des marquages de fabrication anglais. Aujourd'hui, la majorité des armées à travers le monde utilisent ce même conteneur à carburant pour équiper leurs véhicules. Les Américains, quant à eux, préférèrent conserver leur modèle de 5 gallons (18,92 litres) jusqu'à la fin du conflit, bien qu'il soit inutilisable sans bec verseur et que son bouchon à vis, impossible à ouvrir sans outil spécifique, se perde facilement.
Les Alliés utilisèrent 17,5 millions de ces récipients tous modèles confondus pour le débarquement. À l'automne 1944, 15 millions avaient été égarés, souvent volés ou détournés, des trafics se mettant même en place. Cela menaça le ravitaillement des unités de combat et une opération de récupération fut lancée avec l'aide des civils Français. Des affiches fleurissent alors avec comme inscription « Les Alliés ont besoin de ces bidons, aidez à nous à les ramasser » et un franc est proposé pour tout bidon rapporté.
Cela explique pourquoi ce récipient de tôle reste principalement associé en Europe de l'Ouest aux armées Alliées et à la Libération, alors qu'il était arrivé quatre ans plus tôt avec les Panzerdivisionen.