Maquette plastique Char sovietique kv-2.
Le char Kliment Voroshilov (KV) est un char de rupture soviétique. Il fut une désagréable surprise pour la Wehrmacht lors de l’opération Barbarossa : il était à l'époque quasiment invulnérable à toutes ses armes excepté le canon antiaérien Flak de 88 mm et des tirs directs d’artillerie.
Sa genèse commença lors d'une visite par des étudiants ingénieurs au bureau SKB-2 de l’usine de chars Kirov à Léningrad, en octobre 1938. Le prototype du char lourd bi-tourelle SMK (pour Sergeï Mironovich Kirov) y était dessiné et, à leur sortie, on leur demanda d’étudier une variante mono-tourelle. Ils y travaillèrent, résolvant par exemple les problèmes de boîte de vitesse par l'étude du char tchèque S-2a en test à Koubinka, près de Moscou.
Le projet semblant prometteur, le ministre de la guerre autorisa son développement en parallèle du SMK, le 27 février 1940, sous la désignation kV (Kliment Vorochilov, ministre de la guerre de l’époque) et le 1er septembre, le prototype était en test, armé de deux canons coaxiaux, un de 76,2 mm et un de 45 mm. Il séjourna à Moscou, du 5 septembre au 8 octobre pour des tests gouvernementaux.
La guerre d'Hiver contre la Finlande ayant éclaté, les essais opérationnels furent menés directement sur le front, le SMK, le kV et le T-100, un autre dérivé bi-tourelle, furent intégrés dans le 91e bataillon blindé de la 20e brigade de chars lourds. Le kV, qu’on avait modifié pour le remplacement du canon de 45 mm par deux mitrailleuses, une coaxiale et une à l’arrière de la tourelle, s’y révéla nettement supérieur et le 19 décembre, il était accepté dans l’Armée rouge. Un plan de production de 50 puis 200 exemplaires fut lancé, pendant qu’on éliminait les défauts de jeunesse, au niveau de la transmission et des trains de roulement, révélés par un galop d’essai de 2648 km en mai.
À la fin de l'année on substitua au canon L-11, un F-32 bénéficiant d’une plus grande vitesse à la bouche, et au V-2, un V-2k de 600 chevaux, donnant naissance au modèle 1940. En même temps, une version, dite à grande tourelle, armée d’un obusier de 152 mm raccourci fut étudiée puis mise en production comme kV-2. Peu de temps après le début de l’invasion allemande, on ajouta des plaques de blindage supplémentaires boulonnées sur l'existant donnant ainsi, le kV-1e (e, pour « ekranirovaniy » avec boucliers).
En juillet, apparut le modèle 1941, avec son canon ZIS-5 encore plus long, monté dans une nouvelle tourelle soudée mieux blindée. À l’automne, la perte de Kharkov contraignit à adopter le moteur à essence M17T sur une centaine d'exemplaires.
En 1942, le développement s’axa sur un modèle plus léger, car l’augmentation du blindage avait sérieusement diminué la mobilité. Ce modèle fut nommé kV-1s (s pour « skorostnoy », rapide). Il reçoit une nouvelle transmission, des chenilles élargies à 608 mm, un blindage revenu à 75 mm et une nouvelle tourelle avec une coupole pour le commandant de char pouvant embarquer soit le ZIS-5 soit le F-34. La production est lancée le 20 août 1942. Un premier essai avec un canon de 85 mm est tenté avec l'Objet 220 pesant 63 tonnes, suivi de l'Objet 223 de 75 tonnes avec un 107 mm F-42. Un modèle lance-flamme suit : le kV-8 où le 76,2 mm cédait la place à 45 mm 20K, qui eut sa variante « rapide », le kV-8s et donna lieu à une production en série.
En 1943, l’idée de réarmer le kV avec un 85 mm, se concrétisa enfin, rendue urgente par l’apparition des chars Tigre allemands beaucoup plus difficiles à détruire. L’objet 237 armé avec un S-18 puis des kV réarmés avec des S-31 et des D-5T, furent testés, et finalement à la fin de l’année apparut le kV-85 qui partageait sa tourelle avec l'IS-85. Il fut produit parallèlement au kV-1s.
Une autre piste fut explorée, en produisant une variante sans tourelle armée d'un obusier ML-20 de 152 mm, capable de perforer 110 mm de blindage à 2000 mètres. Ce véhicule rapidement mis au point fut accepté au service sous la désignation de SU-152, le 14 février 1943. L’été suivant, engagé à Koursk, il y gagne un surnom : « Tueur d'animaux » en référence des nombreux Tigre et Panther, qu’il mit hors de combat. Cependant le châssis du IS (Joseph Stalin) présentait un potentiel supérieur et l’apparition du IS-2 en 1944, armé par un 122 mm, marqua la fin du développement du char kV.
kV-2 dérivé armé d'un obusier M-10 raccourci pour l’attaque des fortifications.