Maquette plastique He 162 Salamender.
Le Heinkel He 162 Volksjäger (Chasseur du peuple) ou Salamander (Salamandre) fut conçu en dix semaines au cours de l'année 1944. Cet appareil répondait à un cahier des charges du Ministère de l'Air allemand pour un chasseur à réaction léger, facile à construire, facilement pilotable pour des pilotes n'ayant qu'une formation sommaire sur appareils militaires et pouvant décoller et atterrir sur des pistes sommairement aménagées (notamment des routes goudronnées ou la célèbre autoroute Hambourg-Berlin devenue un véritable aérodrome à la fin de la Seconde Guerre mondiale).
La construction de cet appareil ne nécessitait pas une main d'œuvre fortement qualifiée et peu de matériaux stratégiques qui se faisaient rares à la fin de la guerre. Ceci ne contribua pas à la qualité des exemplaires de série.
Il s'agit d'un monoplan à voilure médiane construite en bois et à fuselage en aluminium équipé d'un train d'atterrissage tricycle, d'un empennage bidérive, de deux canons Mauser MG 151 de 20 mm et d'un turboréacteur BMW 109-003E-1/2 de 800 kg de poussée implanté sur le dos de l'appareil, ce qui imposa un siège éjectable en raison du danger que posait une évacuation classique. Le He 162 se caractérisait également par sa faible envergure par rapport à son fuselage. Intercepteur avant tout, le He 162 n'offrait de réservoir de carburant que pour une demi-heure de vol au maximum.
Le premier vol du prototype eut lieu en décembre 1944. Celui-ci se révélant peu maniable, une nouvelle version fut mise au point sous la dénomination He 162A-2 avec des dérives agrandies et des saumons d'ailes au dièdre négatif.
Malgré tout, cet appareil normalement destiné à des pilotes directement issus des centres de vol à voile de la Hitlerjugend n'était pas un avion simple à piloter et requérait beaucoup d'attention de la part de ses pilotes, notamment du fait de la fragilité d'un réacteur peu fiable. Une autre opinion fut qu'en réalité il n'était pas plus difficile à manier qu'un autre appareil mais qu'il devait l'être différemment, les réflexes acquis sur les avions normaux devenant dangereux avec lui : en d'autres termes, il lui aurait fallu des pilotes n'ayant rien connu d'autre.
Quelques unités en furent équipées en avril-mai 1945 (notamment le I/JG 1) et l'utilisèrent dans des vols opérationnels mais il ne semble pas que cet appareil ait rencontré le moindre adversaire. Certains pensent qu'il a peut-être abattu un Typhoon de la RAF disparu sans cause connue. Si plusieurs He 162 furent perdus sur accidents, il semble qu'aucun n'a été abattu en vol : nettement plus rapide que les meilleurs chasseurs à hélice anglo-saxons, sa maniabilité (confinant à de l'instabilité pour un pilote maladroit) et sa petite taille en auraient fait un adversaire difficile.
À noter que les dernières séries de He 162A-2 furent dotés des premiers sièges éjectables (d'abord installés sur les Heinkel He 219), ceux-ci étant devenus indispensables en cas de nécessité d'éjection du fait de la position dangereuse du réacteur en cas d'évacuation « classique ».
Le He 162 fut la base de diverses études, telles que le He 162B à empennage papillon ou le He 162C à ailes en flèche inversée. Ces deux concepts restèrent sur la planche à dessin, bien qu'ayant été largement étudiés par la suite par les ingénieurs aéronautiques des pays alliés. La France put essayer des He 162 récupérés en Allemagne.