En 1975, Embraer proposa au commandement côtier de la Fuerza Aérea Brasileira (FAB) un nouvel avion de patrouille maritime pour remplacer ses vénérables Lockheed Neptune. Extrapolé de l’EMB 110 Bandeirante entré en service à la FAB deux années plus tôt, l’EMB 111 Bandeirante Patrulha (de patrouille) fut rapidement renommé Bandeirulha par amalgame des deux mots. Déjà fort satisfaite des performances du C-95 Bandeirante, la FAB passa dès 1976 une commande initiale de 12 Bandeirulha (désignés P-95) qui seront livrés entre 1977 et 1979.
De taille légèrement supérieure mais d’apparence similaire au C-95 Bandeirante, le P-95 Bandeirulha se distingue toutefois par ses réservoirs extérieurs installés au bout des ailes renforcées et son radôme qui lui donne un long nez. La quantité additionnelle de carburant ainsi emporté et ses turbopropulseurs Pratt & Whitney Canada PT6A-34 de 750 ch. de puissance unitaire, permettent au Bandeirulha un peu plus de six heures d’autonomie en vol, ce qui en fait un patrouilleur de moyenne portée.
Le radôme du P-95 abrite un radar AN/APS-128 utilisé pour la surveillance côtière ainsi que pour la recherche et le sauvetage. Pour la recherche de nuit, un puissant projecteur dirigeable est installé sur l’aile droite. L’avion est protégé par des dispositifs de contre-mesure électronique Thomson-CSF, comprenant notamment des leurres thermiques. Le Bandeirulha peut larguer diverses bouées et grenades de la cabine grâce à une trappe centrale. Quatre tire-roquettes installés sous les ailes complètent la charge offensive qui peut s’élever à 1 000kg. L’équipage est constitué du pilote et du co-pilote ainsi que de 4 à 5 opérateurs et observateurs, selon la mission. Dès son entrée en service, la première tâche du Bandeirulha fut la chasse aux bateaux étrangers pêchant illégalement dans les eaux côtières du Brésil.
La marine chilienne fit également l’acquisition de six Bandeirulha, désignés EMB 111AN, livrés en 1978 et 1979. Les deux seuls autres pays qui patrouillent leurs côtes avec l’EMB 111 sont le Gabon (1 appareil) et l’Angola (2). Durant la guerre des Malouines en 1982, le Brésil prêta toutefois deux Bandeirulha à l’Argentine qui furent retournés à la FAB dès la fin du conflit.
En 1987, la FAB commanda 10 Bandeirulha de nouvelle génération désignés P-95B qui furent livrés à compter de 1989. Ce modèle est doté d’une avionique plus moderne, notamment d’un radar THORN EMI Super Searcher beaucoup plus performant, ainsi que d’une structure renforcée et d’une dérive légèrement modifiée. Les P-95 déjà en service à la FAB furent modernisés de la même façon.
Instrument de défense de l’intégrité territoriale du Brésil et de sa zone maritime exclusive, le Bandeirulha est également l’ange gardien des naufragés lors de ses missions de recherche et de sauvetage. La mission des P-95B la plus médiatisée fut sans aucun doute la recherche de l’Airbus 330 disparu au large du Brésil en 2010, lors du vol AF447 d’Air France.