L'appareil allemand Mistel (gui, en français), aussi connu comme Beethoven-Gerät ou encore Vati und Sohn, était un type d'avion composite de bombardement conçu pour la Luftwaffe et introduit aux derniers moments de la Deuxième Guerre mondiale. Le Mistel était formé à l'origine d'une cellule de bombardier, généralement une variante de Junkers Ju 88, sur lequel le compartiment de l'équipage placé en partie avant était remplacé par une large charge explosive spécialement conçue. Le fuselage du bombardier était relié, par l'intermédiaire de tirants dotés de boulons explosifs, à un chasseur placé au-dessus.
Le pilote du chasseur menait l'ensemble, son cockpit étant plutôt encombré avec l'ajout de tous les instruments de contrôle du bombardier, les réglages des pas d'hélice, les commandes des volets de radiateur, du train d'atterrissage, et des volets étant actionnées par un système électro-hydraulique. Le décollage était assez délicat à cause, en particulier, du poids en surcharge de l'ensemble (20 tonnes au lieu de 13 tonnes pour un Ju 88 en pleine charge) et la position très élevée par rapport au sol.
L'ensemble devait être mené jusqu'à son objectif par le pilote du chasseur, puis le bombardier sans pilote était largué pour frapper sa cible et exploser, le chasseur rejoignant ensuite sa base. Le premier composite de ce type vola pour la première fois en 1943, il fut assez prometteur pour que l'unité de test de la Luftwaffe, KG 200 (Kampfgeschwader 200) commence un programme sous le nom de code "Beethoven".
Les premières expériences concernant les appareils composites menées par les Allemands avaient été effectuées, dès 1942, avec un planeur transport de troupes DFS 230 en partie basse et un Klemm K1 35A en partie haute, l'ensemble étant tracté par un Junkers Ju 52. L'étape suivant fut le montage d'un chasseur de la Luftwaffe, Focke-Wulf Fw 56 ou Messerschmitt Bf 109E en partie haute. Cette combinaison avait pour but d'allonger le rayon d'action du planeur par rapport à un remorquage conventionnel.
Ultérieurement, la technique fut affinée et la partie bombardier (qui était souvent une nouvelle cellule plutôt qu'un surplus) fut dotée d'une tête dotée d'une ogive d'un poids de 1.800 kg. Les derniers modèles de Mistel furent basés sur des composants spécialisés et équipés de moteurs à réaction, en incluant des types basés sur le chasseur Messerschmitt Me 262, le bombardier à voilure à flèche inversée Junkers Ju 287 et l'Arado Ar 234. Cependant, ces ambitieux projets ne purent être menés à leur terme avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L'ogive finale du Mistel était une charge creuse de près de deux tonnes protégée par un revêtement de cuivre ou d'aluminium. L'emploi d'une charge creuse devait permettre la pénétration d'un maximum de sept mètres de béton armé.
Pendant la guerre, environ 250 Mistel furent construits en employant diverses combinaisons, mais ces machines ne rencontrèrent qu'un succès limité. Ils furent utilisés au combat pour la première fois après le débarquement Allié en Normandie (début juin 1944), pour attaquer le port de Courseulles-sur-Mer (Juno Beach) tenu par les Anglais. Au-cours des attaques de cette période, il semble que l'ancien cuirassé français Courbet, qui avait été inclus en tant que composante du port Mulberry à Arromanches fut touché. Aussi, dans la nuit du 23 au 24 juin 1944, une explosion importante et des éclats d'obus infligèrent des dommages importants au quartier général flottant H.M.S. Nith qui, à la suite, du être remorqué vers Cowes, Angleterre pour réparations (cette attaque effectuée par largage d'un Ju 88 causa la mort d'une dizaine d'hommes).
Un projet d'attaque de la très puissante flotte anglaise, basée à Scapa Flow, dans les îles Orcades avait aussi été envisagé de manière à lever le verrou qu'exerçait cette flotte sur la mer du Nord et la mer Baltique. L'attaque ayant été jugé possible, des forces à base de Mistel furent concentrées, en août 1944, à Grove dans le Schleswig-Holstein. Mais, début novembre 1944, le cuirassé allemand Tirpitz (plus grand navire de guerre de la Kriegsmarine et sister-ship du Bismarck) fut coulé lors d'une attaque aérienne. Ce navire refugié, avec le Scharnhorst dans le fjord Altafjord (Kaafjord et Langfjord), partie nord en Norvège, constituait une menace pour les convois de ravitaillement vers la Russie, il fut coulé par des bombardiers Lancaster utilisant de puissantes bombes perforantes Barnes Wallis de six tonnes. Le Scharnhorst avait été coulé le 26 décembre 1943 lors d'une bataille navale (bataille du cap Nord).
Après la destruction du grand cuirassé Tirpitz, en novembre 1944, la flotte britannique, put disperser ses forces vers d'autres théâtres d'opérations et l'intérêt stratégique d'une attaque de Scapa Flow disparut, en laissant les Mistel sans aucun objectif valable sur cette base.
D'autres opérations furent envisagées, fin 1943, début 1944 pour mener des raids contre des centres de fabrication d'armes en Russie, en ciblant plus spécifiquement des centrales électriques autour de Moscou et Gorki, ces installations indispensables étant connues pour être faiblement défendues. Mais, avant que ce plan ne puisse être mis en oeuvre, l'Armée Rouge était entrée en Allemagne et il fut décidé d'utiliser des Mistrels contre leur tête de pont à Küstrin. Une attaque contre des ponts fut menée début avril 1945, mais les dommages furent négligeables et ne retardèrent que de quelques jours l'avance ennemie. D'autres raids furent aussi menés contre des ponts sur l'Oder, mais ils furent également inefficaces.
Marquage:
Bf I09F-4 (Mistel S1), German research institute for gliding (DFS), Ainring, Germany, 1944
Bf 109F-4 (Mistel Si), Nordhausen, Germany, early 1944
Ju 88А-4 (Mistel Si), German research institute for gliding (DFS), Ainring, Germany, 1944
Ju 88А-4 (Mistel Si), Nordhausen, Germany, early 1944